Ça faisait longtemps que j’avais envie de te parler du bouddhisme zen, mais je ne savais pas comment l’aborder. Car le zen, une voie spirituelle basée sur la pratique de la méditation, est par essence si simple que sa nature est parfois difficile à saisir pour nous, Occidentaux, qui privilégions la compréhension intellectuelle.
Puis j’ai lu deux livres, À la table zen et ZEN, l’art d’une vie simple, écrits par des moines, qui illustrent quelques principes zen applicables à la vie quotidienne. Même si je ne te recommande pas la lecture de ces deux livres (redondants et parfois maladroits dans leur simplicité, peut-être à cause de la traduction ?), ils ont le mérite de m’avoir fourni un angle d’attaque pour cette article.
Mais avant de résumer spécifiquement l’enseignement zen contenu dans ces deux livres, parlons brièvement du bouddhisme zen au Japon.
Origine et écoles du zen
Originaire d’Inde, il y a plus de 2500 ans, le bouddhisme japonais est importé de Chine vers le Vème siècle (où sa pratique avait évolué pendant quelques siècle) pour s’y implanter avec succès. Au XIIIème siècle, inspiré par son maître chinois, un certain Dôgen réforma totalement la pratique du bouddhisme, pour fonder l’école soto, l’école prédominante du zen au Japon actuel.
L’école soto, se concentre sur le zazen (méditation en position assise), et sur rien d’autre. Zazen signifie littérallement ” être assis avec l’esprit qui ne fait qu’une seule chose “. Dans le zen soto, vous êtes assis, sans rien faire, et avec la pratique, votre sagesse s’affûte. Avec le temps, vous pouvez atteindre l’illumination- ou satori en japonais.
Apprendre le Zen, c’est nous trouver,
Nous trouver, c’est nous oublier,
Nous oublier, c’est trouver la nature de Bouddha,
Notre nature originelle.
Maitre Dôgen
L’autre école importante c’est l’école rinzai, qui pratique l’étude des koan pour atteindre l’illumination – (en général des questions qui recourent à la langue pour provoquer l’esprit et le mettre à l’épreuve). Des questions et des réponses qui amènent à davantage de questions sans réponse. Par la répétition de cet exercice, les pratiquants arrivent à la lumière. C’est-à-dire à la rencontre avec leur être pur et authentique. Les adeptes du zen soto reprochent l’approche intellectuelle de l’école rinzai, qui, selon eux, nous éloignerait de notre véritable nature.
Pour aller plus loin sur le sujet du bouddhisme zen, je te recommande les livres de Shunryu Suzuki comme Libre de soi, libre de tout ou Esprit zen ,esprit neuf.
Philosophie du zen en 10 points
Venons-en aux deux livres À la table zen et ZEN, l’art d’une vie simple. Malgré le fait que le bouddhisme zen ne se base sur aucun dogme, et qu’il se transmette de maître à disciple à travers une discipline rigoureuse et une pratique journalière assidue, les auteurs de ces livres ont voulu transmettre l’esprit zen en prenant des exemples concrets.
Dans le premier livre, Seigaku aborde exclusivement la question de l’alimentation dans un temple zen, et dans le second, l’auteur nous donne des conseils concrets et pratiques dérivants des valeurs et de la philosophie du zen.
J’ai résumé leurs enseignements en les classant en 10 catégories, qu’on pourrait voir comme les points centraux de la philosophie zen, un style de vie conscient dont nous pourrions bénéficier en les intégrant à nos modes de vie.
Qu’est-ce-qu’un « esprit zen » ?
Si je devais décrire un esprit zen en quelques mots, je dirais que c’est quelqu’un qui fait bon usage de tout.
L’essence du zen se trouve dans la beauté des choses simples. Il y a de la beauté dans ce qui est débarrassé du superflu et exempt d’ornementation.
1. Présence. Ici, maintenant.
Le zen, c’est surtout et avant tout vivre l’instant présent. Se détacher du passé, ne pas anticiper le futur. Vivre, ici et maintenant.
2. Gratitude.
Savoir être reconnaissant pour tout. Montrer de la gratitude quotidiennement. Ressentir de la gratitude est une des clés du bonheur.
3. Foi, spiritualité, dimension sacrée, humilité.
Entretenir une relation avec une dimension sacrée, un monde invisible. Notre reliance à notre origine commune. Reconnaitre que nous ne contrôlons ni ne comprenons tout. Leçon d’humilité quotidienne.
4. Vivre au rythme des saisons. Connecter avec la nature. Avoir conscience de sa propre nature.
Se ressourcer au contact de la nature. Faire un avec elle. Respecter chaque vie. Accepter les rythmes naturels de sa propre existence.
5. Pouvoir de l’esprit. Attitude positive. Voir les choses telles qu’elles sont. Gestion de l’anxiété.
” Presque toutes les anxiétés sont intangibles. Elles sont le fruit de notre esprit.”
” Se perdre dans un labyrinthe que l’on a soi-même construit est une perte de temps. Consacrez plutôt votre énergie à affronter la réalité et avancez étape par étape.”
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6. Contentement, simplicité. Éviter la convoitise. Satisfaction de ce que l’on a.
Se satisfaire de ce que l’on a. Vivre dans la sobriété matérielle. Manger juste le nécessaire.
” Je mange avec modération, conscient que la nourriture n’est pas un objet de convoitise, mais un remède pour conserver le corps en bonne santé. “
7. Routine. Pratique. Persévérance sans se focaliser sur le résultat. Sans jugement. Faire ce qu’on a à faire.
Tout est atteignable à force de travail et de persévérance. La pratique assidue est le chemin vers la maîtrise. Le chemin est le maître. Faire ce qu’on doit faire sans jugement, sans crainte, sans attendre le lendemain.
8. Être soi-même. Ne pas se soucier du regard des autres ou des apparences. Accomplir ce que nous avons envie d’accomplir.
” […] incarner ce concept zen qui prône que la manière dont nous vivons soit à l’image de notre conception de l’existence et que nous devons nous efforcer d’accomplir ce dont nous sommes capables.”
9. Cultiver la terre. Prendre soin des autres et des objets qui nous entourent.
“Si vous voulez être heureux, il faut que les gens autour de vous le soient aussi. C’est pourquoi vous mettre au service des autres peut contribuer à votre propre bonheur.”
10. Se préparer à la mort. Vivre pleinement.
“Nous ne sommes pas propriétaires de notre existence – elle est un cadeau précieux, qu’il convient de traiter comme si on nous l’avait confié. Et quelle que soit la durée de la vie qu’on nous a donnée, nous devons nous attacher à la rendre.
Le bouddhisme nous enseigne que la valeur d’une vie ne se mesure pas à sa durée. Ce qui est important, c’est l’usage que nous faisons de l’existence qui nous a été confiée.”
Avec ces quelques principes en tête, l’expérience de notre séjour au Japon, et particulièrement à Kyoto, se révèlera d’autant plus riche et profonde : les opportunités d’entrer en contact avec l’esprit du zen, voire avec sa pratique, sont nombreuses. Participer à une cérémonie du thé ou à un atelier de calligraphie, visiter un temple ou contempler un jardin, pratiquer la méditation zazen ou simplement prendre le temps d’observer la vie sous les cerisiers en fleurs ou en plein cœur de l’automne, autant de possibilités de donner une autre dimension au voyage en le teintant de spiritualité.